Expo 58 (Folio, 5 juin) by Coe Jonathan

Expo 58 (Folio, 5 juin) by Coe Jonathan

Auteur:Coe, Jonathan [Coe, Jonathan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2015-05-28T04:00:00+00:00


DANS LA PANADE

Le trajet fut long (une heure et quart, au jugé) et très inconfortable. Au bout d’une vingtaine de minutes, Thomas comprit qu’ils avaient quitté le ronronnement de la circulation urbaine et entraient dans la campagne, tout en restant sur des voies principales bien droites. À force de sentir la voiture tourner à droite et à gauche sans logique apparente, il soupçonna qu’on s’efforçait surtout de lui faire perdre ses repères. Ce fut seulement lors du dernier quart d’heure qu’ils ralentirent et que les routes se firent plus étroites et moins praticables. Thomas et Wilkins auraient été violemment projetés l’un contre l’autre par les virages brusques s’ils n’avaient pas été aussi étroitement emboîtés.

Enfin, après avoir gravi une pente douce et régulière pendant quelques minutes, la voiture fit une pause, moteur tournant ; puis elle prit un virage serré à droite, et emprunta un chemin de terre. Elle bourlingua ensuite sur les cahots pendant près d’un kilomètre, il y eut un coup de volant à gauche, elle s’arrêta net et on coupa le moteur. Les soupçons de Thomas étaient confirmés : ils étaient en rase campagne. Le silence qui les entourait était profond, souligné par le hululement régulier, à quelques pas semblait-il, d’un hibou solitaire.

« Bon, dit Wilkins. Sortons de ce maudit véhicule. » Ils eurent tout autant de mal et mirent autant de mauvaise volonté à s’en extraire qu’ils en avaient eu à s’y introduire — Thomas, les yeux bandés, circonstance aggravante. Enfin libre de ses mouvements, il respira un instant, sentant des graviers épars sous ses pieds, jusqu’à ce que le calibre de Wilkins lui entre de nouveau dans les côtes.

« Par ici, lui lança son ravisseur, et pas de blagues, hein ? »

Ils parcoururent quinze ou vingt mètres sur le gravier. Puis quelqu’un — Wilkins, sans doute — cogna à une porte en bois massif avec un heurtoir de fer. La porte s’ouvrit et ils entrèrent. On n’avait pas échangé un mot.

Ils prirent un couloir — sans doute dallé de pierre à en juger par le bruit de leurs pas. Il y avait une petite marche à monter, sur laquelle Thomas faillit trébucher. Le couloir était long ; la maison, s’il s’agissait d’une maison, devait être vaste. Au bout du couloir, une autre porte s’ouvrit, et il fut poussé à l’intérieur.

« Vous voilà arrivé, dit Wilkins. Ça y est. Home, sweet home. »

Il détacha le bandeau, et Thomas cligna des yeux, ébloui par le plafonnier. Les paupières papillotantes, il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une petite chambre du rez-de-chaussée, au mobilier massif et sombre, simple et cependant confortable. Les volets étaient fermés, les murs peints en jaune moutarde sale et décorés de gravures, originaux ou reproductions, représentant des paysages flamands. Outre le lit à une place, il y avait un bureau et un fauteuil. En somme, la chambre était nettement plus engageante que son bungalow du motel.

« Fort bien, dit-il en se tournant vers Wilkins, j’ai été très patient. Et maintenant, auriez-vous l’obligeance de



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